vendredi 7 avril 2017

La Carança un bonheur renouvelé

Oui, la Carança, un bonheur sans cesse renouvelé.
Je ne sais combien de fois j'y suis venue, en tout cas ce fut ma toute première randonnée en montagne vers mes trente ans , il y a ...une éternité.
J'y suis revenue, encore et encore, ces dernières années et chaque fois mon regard découvre quelque chose. Magie des lieux, magie du regard.
D'abord on voit le grandiose du site et le ludique du parcours : passerelles, ponts de singes, corniches vertigineuses; les sens sont servis.


Un des merisiers de la Carança

La corniche 




















Puis pour quelqu'un de curieux comme moi, on voit autre chose, au fil des rencontres avec ce lieu.
Aujourd'hui je sais que je n'ai pas fini : pas fini de découvrir, pas fini de revenir.

Parce que cela m'enchante, physiquement et intellectuellement.

Géologiquement, je vois un empilement de roches et d'aiguilles vertigineusement verticales et inaccessibles.

Géologie

La corniche et son tunnel


















Mais historiquement je vois des tranches de vie s'empiler comme des strates invisibles :



- L'industrie du bois du 14 eme siècle
- L'industrie charbonnière du 19 eme  siècle
- Les prospections minières (Cuivre), abandonnées au 19 eme siècle
- Le pastoralisme des siècles passés
- L'industrie électrique du début 20 ème pour le Train Jaune
- Le village mort de Campilles disparu au 13 eme siècle
                                      ..............................et que sais je encore  que je découvrirai peut être un jour ?
Ah...j'oubliais le présent et son industrie touristique. Celle que j'ignore le plus. Et que pourtant je pratique..


Sur une des passerelles suspendues

Dans la corniche









Enfin il y a ce que l'on ne voit pas, que personne ne verra jamais mais que seules les roches et l'eau savent et racontent d'écho en écho à ceux qui savent les entendre : des histoires terrifiantes de sorcières, de fées, d'Esprits Malins, de Diables en pierre qui décrochent les nuages, de Poissons ruisselants et énormes qui jaillissent des lacs...Comme tous les lieux tourmentés la Carança porte au départ de ses 15 km d'eaux bouillonnantes, tout là haut au bout de la vallée des noms qui évoquent les peurs ancestrales des habitants et des bergers du coin :.le Pic d' Enfer, la Coma d'Enfer,  La Fossa del Gegant (du géant), l' Etang des Truites, ancien nom de l'étang de Carança.
Les eaux tumultueuses
pétillantes


Aujourd'hui, les gorges sont désertes, c'est lundi et Alain et moi nous rencontrerons 7 personnes. la balade est belle, sous un temps printanier , avec des eaux bouillonnantes et bruyantes que les chants d'oiseaux peinent à couvrir. Les premières fleurs aussi. le soleil se fait attendre : "Hello, le soleil brille brille brille" oui mais il est là haut et pas sur le pont de la rivière Kwaï, juste sur les ponts de la Carança. Il faudra attendre 10 heures soit 2 heures de marche avant qu'il ne nous rejoigne enfin, accompagné par les plaques de neige. Car il a neigé il y a peu et il reste de belles plaques un peu molles, vers 1500m.
Les eaux bondissantes

et bouillonnantes


Le parcours de gorges est accidenté, on y marche mal, sur des roches pénibles, ou alors en s'envole dans les airs en ponts et passerelles. L'eau est omniprésente, tumultueuse, pétillante et colorée. Un vrai spectacle.
Je cherche en vain à voir la moindre trace du canal du 14 eme siècle qui transportait le bois.
Par contre je découvre encore des choses : de nombreuses plate formes  charbonnières du 19 ème siècle. On ne voit jamais tout...
Rejets de la hêtraie qui servit au charbon de bois

Au sortir des gorges, on rencontre la plate forme de l'ancienne scierie du 14 eme siècle .
Et j'ai même un doute car sur les anciennes cartes, elle est sur l'autre rive : oh je reviendrai voir ça !
Et cet interminable chemin pavé qui sur des km remonte la rivière, disparu parfois dans un chaos rocheux que les intempéries ont du mettre sur sa route, quel monument !
On marche assez bien sur le chemin mais la longueur du parcours est stupéfiante. Cela finit par me fatiguer sérieusement.
Le drôle de chemin et son petit pont


Très long le chemin


Et bien marqué son parcours, parfois perdu dans
un chaos de rochers d'éboulement

Enfin, après une série de lacets sur une impressionnante pente on parvient à l'étage supérieur, celui qui doit conduire doucement au refuge, point d'arrivée prévu de la balade du jour.
Alain n'a plus envie de continuer . Ma lenteur lui a cassé le rythme. Lenteur qui toutefois colle au temps donné pour la randonnée ! Sa jeunesse lui fait faire le trajet en une heure de moins.
Aïe, randonner avec les jeunes me fait brutalement vieillir....

1500 m : la neige
 Alors nous nous posons dans une clairière au grand soleil, juste là où au 14 eme siècle une vie intense se déroulait : abattage des arbres dans les forêts, débardage avec les chevaux ou mulets, préparation du transport vers l'aval, vers la scierie. Je ferme les yeux et j'imagine, j'écoute, je recrée le décor à l'envi. Je pourrais...cela pourrait durer.

Antichambre de la vallée

Mais je suis dans l'action, il me faut bouger et, après le repas, je reprends seule le chemin vers l'amont, vers le refuge que j'atteins en demi heure: destination respectée, pari tenu, j'aurai mis 4 heures. Et près de 10 km depuis la porte d'entrée

Moins de neige, au soleil : sentier pour le Ras de Carança et le refuge


Le refuge se devine




Tout au loin, les montagnes plâtrées et magnifiques


Je reviens à mon "restaurant", Alain et moi nous reprenons le chemin à l'envers : pas le choix. Revenir par Campilles et le Cami Ramader serait interminable.



Une cabane en ruine au dessus du chemin je la vois pour la 1ere fois!
Près d'elle, bien caché, un abri sous roche habité (pas en ce moment)
mais bien caché 

La partie du parcours impressionnante
J'adore...

Un peu rôtie par le soleil

Passage en corniche (l' APN est posé au sol)

Un long chemin à l'envers, quasi sans halte, et enfin c'est le parking, la porte des gorges qui s'ouvre sur le soleil, le vent, la lumière, le monde.
Sortie des gorges
Le pont suspendu est celui du train jaune, il passe juste 3 mn plus tard...
Manqué !


Comme si on émergeait d'un souterrain...

En chiffres 
Temps de marche : 7 h 15 mn
Distance : 19.5 km
Dénivelé : 1000m


Un prochain projet ? Le sentier en zigzag qui conduit au village de LLar, juste en face des gorges . Sportif assurément...



Pour compléter cette balade, en archives et en 3 clics

Récit N° 1..
Récit N° 2...
Récit N° 3...

19 commentaires:

  1. Je reviens de la rando à la tour de Querroig et après cette lecture mes jambes me paraissent encore plus lourdes car j'ai aussi randonné avec toi... Très belle vallée et comme toujours ton récit est captivant.
    C'est vrai que le retour par campille est très long et fastidieux sur la fin avec tous les virages.

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    1. Faudra que j'aille à Querroig, je ne connais pas et ne sais
      + pas où c'est . Là je pense partir demain soir dormir à Thués pour faire le sentier de Llar; il y a une curiosité unique dans le département. Oui Campilles c'est beau mais interminable

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    2. J'ai vu dernièrement à Canaveilles qu'il y avait un sentier des canons et une tour à signaux en allant à Llar. C'est peut-être ta rando ?

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    3. Le sentier des canons je ne l'ai jamais fait mais c'est en projet; la tour à signaux me faut la trouver...merci

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  2. Un petit coucou Amédine.
    Je n'ai pas trop de temps en ce moment pour venir dire bonjour aux amies. Mais là j'ai une petite brèche.
    Je vois que tu crapahutes toujours dans des endroits merveilleux.
    Attention, ne rôtie pas de trop ... Moi, cela ne me ferait pas de mal, je suis blanche comme un linge en ce moment.
    Gros bisous
    Chantaloup

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    1. Je suis moi aussi surbookée mais c'est de ma faute je remplis le moindre vide. Mais comment ferai-je quand je serai immobilisée pour l'éternité ??? Bon je ris...je pense à toi, vivement que tu descendes dans le sud. Bisous

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  3. C est vrai Amédine qu il Y a des Lieux qui Nous parlent à Vous lire La Carança en est Un pour Vous qui Lui êtes Fidèle :) La Photo d Accueil des Balades de Lison me Plaît Vraiment Beaucoup Elle rappelle Le site du Refuge :) Calinous aux Minous Bisous à Vous Pensée pour Lison :)

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    1. Laquelle de photo Claudie ? Le site du refuge présente les montagnes et le refuge. Vous voulez dire celle du Lac des balades de Lison ? Bisous à vous et Lison reste toujours dans mon esprit et mes espoirs

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    2. Oui Amédine La Photo du Lac des Balades de Lison :) Oui Lison est aussi en Vous Amédine :)

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  4. CC... Encore une très belle découverte... de merveilleux paysages... une magnifique randonnée !!!
    Beau dimanche, Bisous, Câlins les Félins

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    1. Ce coin de mon département est une mine de découvertes. Bisous

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  5. C'est vrai qu'elles sont attirantes ces gorges et de plus tu les rends très intéressantes. J'espère que l'on pourra y retourner et aller plus loin que la première passerelle ( la faute à un orage ! ) ça a l'air si beau , en haut ! Bises Amédine

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    1. je voudrais aller les parcourir quand elles sont en crue après un déluge. Mais je pense que j'aurai peur...je te souhaite d'aller au terminus au moins : 6 passerelles dont 4 de mobiles. Bisous

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  6. Bonjour, Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai fait ces gorges jusqu'au refuge et même jusqu'au lacs étant plus jeune. La dernière fois, c'était il y a 5 ans mais la batterie de mon numérique m'avait lâché dès le départ d'où l'absence de tout article dans mon blog. Il faudra que j'y retourne car c'est une bien belle "incontournable" de notre département. C'est marrant car ce bonheur sans cesse renouvelé que tu évoques (car c'est ta toute première randonnée !) moi, je ressens exactement la même chose quand je monte vers la chapelle Sainte-Anne au dessus de Glorianes et il y a également une belle variante à partir de Baillestavy. C'était ma vraie première rando quand je suis venu habité dans les P.O. J'y ai amené mes enfants, de la famille, des groupes d'amis et j'y retourne encore régulièrement avec toujours ce même sentiment d'un retour aux sources. A la chapelle, j'y hisse toujours quelques pierres sur les vieux murs en ruines comme si j'avais espoir qu'un jour elle se redresse complètement. De là-haut, et par grand beau temps, les panoramas à 360° et notamment sur le Canigou y sont si somptueux que je ne m'en lasse jamais. Quand on aime la randonnée et la montagne, je crois que l'on a tous une "Carança" planquait dans notre coeur et dans un coin de notre tête. Merci de m'avoir fait penser à ce bonheur sans cesse renouvelé ! Amts. Gilbert.

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    1. C'est marrant ce retour aux sources que fait l'humain comme les oiseaux qui de génération en génération reviennent nicher au même endroit. je ne connais pas ce Ste Anne, je connais l'autre ce belvédère des Hautes Aspres. Jolie ton histoire de pierres sur la chapelle, une manière de la faire vivre et de lui redonner espoir. Une Carança au fond du coeur...oui parce que des sensations fortes et nouvelles se sont inscrites dans une première rando où qu'elle soit. L'Ariège a pour moi ce goût là aussi car ce sont mes vrais premiers pas en solo lâchée dans un monde nouveau : la montagne. Amitiés

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  7. Nous y étions ce week-end. Malheureusement, mon corps ne m'a pas portée jusqu'au refuge. Nous avons dû faire demi tour peu après la fin des gorges. C'était notre seconde fois et il y en aura sans doute d'autres, nous souhaitons un jour atteindre ce fameux refuge.
    Mais il est certains que crapahuter dans ces gorges est une expérience vraiment unique.

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    1. Merci de votre passage sur mon blog. rassurez vous la plus belle partie vous l'avez faite. Ensuite jusqu'au refuge ou presque c''st long et monotone. Bien sûr au delà du refuge c'est bien mais quasi infaisable à la journée, d'où la position du refuge. Vous y reviendrez mais vous vous régalerez toujours dans ces gorges

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  8. balade magnifique ,mais pourquoi le village de Campilles a disparu? et comment vivaient ses habitants si haut et si isolés?
    Jean Pallares

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  9. Une très belle balade, Amédine, balade que j'aurais aimé faire, comme tant d'autres... :-)

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