lundi 28 août 2017

Vendanges : saison 17

Une saison en Enfer !

De pire en pire. Côté météo, le dérangement climatique est sensible d'année en année, les récoltes se réduisent, s'étiolent, se font de plus en plus tôt sous un temps insupportablement chaud, lourd et éprouvant.
Alors si la vigne a modifié un peu son cycle, l'homme a beaucoup modifié le sien.
A gauche le bébé raisin, à droite à maturité
Nous avons pris le rythme de travailler seulement le matin, style journée continue avec pause de demi heure dans la matinée et arrêt à 13 ou 14 heures.

Les caves rentrent ainsi un raisin relativement"frais" et pas encore "bouilli" par l'ardeur du jour.

Cave coopérative

Les machines travaillent volontiers de nuit et certaines caves coopératives ont changé leurs horaires.


Penché dans sa machine, à l'aube, le machiniste trace son chemin
En ces quelques dernières années le paysage agricole s'est modifié, vignes moins vertes , beaucoup de feuilles mortes et même dépérissement des ceps : faut dire que nous sommes dans le sud du sud et en coteaux sans arrosage...Le paysage n'est pas beau....Sauf près de la mer, bien sûr...ah ce décor....

Banyuls sur Mer

Le paysage humain aussi a changé; ce n'est pas moins festif mais l'épaisse et collante chaleur n'incite guère aux chants , plaisanteries et autres rires, on garde son énergie "au frigo " du corps.

Paysage sec, défraîchi
Quant à moi ? Infirme cette année, je suis privée de vigne, de vendange, de conduite, et même de déambulations entre les rangées; je fais quelques incursions en pesant sur ma canne, appareil photo en main pour immortaliser l'année 17. Où est donc la montagnarde qui s'éclatait sur les cimes , réduite à cette ancêtre qui semble faire "les vieux d'autrefois allant à petits pas, courbés sur leur bâton, encourager les vendangeurs et que l'on regardait avec indifférence?". Je savoure amèrement et aigrement ma vieillesse provisoire j'espère. Mais les vendangeurs ne me regardent pas avec indifférence : on est quasi de vieux amis de longue date. Baroudeurs au long cours dans les rangées de vignes

Dans la benne
Alors j'ai eu l'envie de faire un petit kaléidoscope pour présenter la vie du raisin en puisant dans les archives de ce blog et les reportages que j'avais faits en 2013 sous les titres "balades en vignes".



De l'hiver au printemps : les différentes phases, de la taille à la naissance du bourgeon,
 puis la floraison et la "nouaison" ou formation de la grappe
Dès la naissance du bourgeon le raisin est lové dans son berceau de feuilles duveteuses


Juillet : il prend de la couleur, c'est la "véraison" et puis il mûrit jusqu'à la récolte, 9 mois se sont écoulés, une vraie grossesse !


Dans ma très vieille vigne centenaire la poésie et les affres du temps passé sont inscrites sur les ceps tourmentés mais la couleur est au rendez vous : certains cépages nous sont inconnus, que savaient nos anciens. C'est la vigne du grand père que je n'ai pas connu, gazé voilà ...100 ans.




Il sourirait de voir sa petite fille inconnue marcher à petits pas de cet âge qu'il n'atteignit jamais...


Le sang de la vigne coule à flots, tandis que les rafles, la charpente du raisin, s'envolent dans les airs comme des corps morts

Comme une goutte de sang frais sur la benne


Egrappage

Un corps mort, la colonne vertébrale du raisin

Toutefois, ni la chaleur, ni la brûlure du soleil ni la petitesse des récoltes réduites de moitié ces dernières années n'entachent le moral et en attendant le repas de fin de vendanges, une petite collation...n'est ce pas ...est de bon ton.

















Sans oublier les libations ! Car n'oubliez pas : 9 mois pour en arriver là ! 






























vendredi 25 août 2017

Dans le sens du courant : gorges de Galamus

C'était un jour de novembre, voilà 18 jours, coincé entre deux journées d'août flamboyantes. Un jour de novembre gris, glacial, venté, choisi par Ludo très judicieusement.

Au départ: le parcours est suave

L'accueil du guide sur le parking fut en harmonie parfaite avec la météo, cela augurait bien.
Notre groupe fort hétéroclite avait un lien , l'amitié existante ou à venir . De 11 à 67 ans il se composait de 7 hommes et une femme , moi, dont deux seniors Michel et moi, ce qui vaut son pesant d'or pour la suite. Le guide semblait finir sa nuit et tardait à nous habiller devant un public gelé et curieux. Il s'obstina à me faire entrer dans un XS pour enfant de 12 ans , je mourais de chaud et d'épuisement à tous ces efforts lorsqu' enfin il comprit que ma vieille peau relâchée n'entrerait jamais... Il m'octroya un S limite, mais je m'en accommodai.

Enfin prêts
La remontée des gorges par la route fut déjà une expédition, le vent nous faisant reculer malgré le poids de notre harnachement. Je tentai la plaisanterie pour dégeler le guide, manoeuvre maladroite qui me desservirait.
Remontée des gorges par la route

On part pour l'inconnu : mon APN court plus de risques que moi !



 Enfin réveillé le guide nous conduisit au bord de l'eau, distribua quelques consignes. Mon APN pendu autour de mon cou dans sa pochette étanche le contraria non pour l'inondation possible mais parce que le "Qu'est ce qu'elle va nous emm celle là ..." flottait autour de sa tête.




Le décor 

Le décor, encore

Ian et moi

Michel et moi passions en tête parce que cela devait mieux nous convenir pour écouter le guide mais il me lança : "Je voudrais un peu avoir les jeunes devant !" et ajouta devant mon ironique merci "Parce qu'ils sont plus dégourdis". Je le sommai alors de se taire en quoi je le noyais et on se passerait de ses services.

Je ne plaisantai plus qu'à moitié. On se le tint pour dit et on suivit , le chapelet de plaisanteries à ce sujet nous suivit fidèlement, repris en choeur par "les jeunes".

Les jeux commencent


On s'amuse fort


N'empêche, on savourait tous, petits et grands ce parcours magnifique.

Le décor vu du haut : ph Nika

Je fis connaissance avec les gestes patauds  générés par le poids de la combi, la démarche difficile, le plongeon difficile avec le casque, le bonheur de la glisse, de la poussée dans l'eau verte, la caresse des courants chauds, les paysages sublimes, les trous d'eau et les falaises superbes, les rochers posés paisiblement, victimes d'un ancien arrachement etc...

Toboggan


Un grand rocher échoué ; il est écrit que le dépasser est passible d'amende

Paysage

Un paysage nouveau et je dois l'avouer, envoûtant. Je dégainais souvent l' APN , opération délicate et longue pour garder l'étanchéité parfaite, ce qui devait exaspérer le guide !  Un passage difficile et je vais pour m'accrocher à son bras, il se jette en arrière comme si je l'avais mordu !! Je me tiens sur mon quant à moi, je surveille mots et gestes, cela n'entache pas le plaisir mais cela me guinde un peu.





 Heureusement les copains ne plombent pas l'ambiance ! Et m'offrent leurs bras ou épaules généreusement! Le vent et le froid s'engagent avec nous dans le boyau mais l'action nous réchauffe. Certains ont froid pas moi.




Face à une crevasse
La beauté du site


On découvre des toboggans, des trous d'eau, des "chaudrons et marmites", des cavernes, des draperies, des cascades derrière lesquelles se loger; on glisse,on saute, on nage, on marche et même on grimpe, encordés et harnachés. Les plus hardis tentent le grand plongeon, les autres dont je suis, le petit.

Vu d'en bas

vu d'en haut : ph Nika



Passage en falaise, encordés (pas de danger toutefois)

Sautera ?

A sauté..ont sauté

Il saute : le style !
La classe !


Ph Nika, même lieu zoom

Moi, toujours en train d'étanchéiser (ph Nika)

Même lieu : et ça bruit, ça résonne



Au premier plongeon, l' APN m'a sauté au visage avec la poussée de l'eau : choc violent sur le nez. Je compose donc en l'expédiant en mon dos pour plonger, les lunettes se rangent dans la combi je dois dire que je suis la plus "compliquée" du groupe mais je ne retarde personne. J'y veille.









Bien sûr Michel et moi sommes plus prudents. Les chapelets de qualificatifs que le guide m'octroie vont s'aggraver d'un coup. Je suis "vieille", ok, "pas dégourdie", ok, mais soudain je me reçois mal à un saut en roche et ma cheville se plie dans un grand cri de douleur que j'étouffe en murmure : je suppose l'entorse je ne peux appuyer le pied. La sentence tombe, pas la commisération ! "Elle est petite et elle n'écoute rien". Donc de trop petite taille le saut est trop haut et j'ai sauté avant ses consignes : làs, quel chapelet!


 Auquel s'ajoute , dit à Nico en aparté, le : "allez aider les faibles". Lequel avec son visage angélique et riant intérieurement me dit "Je viens aider les faibles". Réception en balle de ping pong !




 Je serre les dents, pose les pieds avec moultes précautions sur les fonds invisibles et continue la descente sans rien montrer. Il y aura des toboggans, encore, des cascades, des plongeons, de la nage, et la douleur. Supportable. Je ne veux pas infliger au guide le sauvetage en canyoning, j'ai survécu à cela en neige toute seule, je peux tâter de la comparaison en eau en bonne compagnie!



Ph Nika, joli passage en étroitesse de canyon

Les copains sont attentifs , je dégaine un peu moins l' APN d'autant que nous atteignons le point difficile, le dénivelé du gros rocher coincé qui nous avait arrêtés en sens inverse Dominique et moi. Le passage en descente est facile, j'écoute le guide avec une docilité enfantine, alors que les "enfants" s'éclatent.
Passage du rocher coincé, avec corde

Derrière le rideau; sans casque, Michel

On aborde enfin au dernier morceau du parcours, le guide enfin très pressé nous stimule comme des chevaux sur la dernière ligne droite de Longchamp sauf que c'est nous qui sommes harnachés pesamment dans l'eau. Pas une seule fois il ne s'enquiert de ma cheville il a d'autres chats à fouetter en plus des chevaux à driver. Son futur cheptel l'attend en haut et nous sommes encore en eau ?
Le retour, facile...

 ...mais si beau ce morceau de canyon


Presque arrivés
Le retour n'est pas si aisé : il reste le fameux "couloir " de rocs et de terre à escalader mais enfin le timming est respecté, son prochain groupe l'attend pendant que nous dégroupons combis, harnais casques et compagnie.

Notre guide
Je fausse compagnie pour me revêtir discrètement loin des regards et tous, heureux je crois, fort amusés et frigorifiés nous partons en convoi pour trouver un illusoire abri que réchaufferont muscat, taboulé, rosé, repas et amitié. Un chat et un chien nous rejoignent, tant de convivialité nous disent-ils ça se partage...Euh..et pas que...



Eux ils savent...Ces humains si banals...


Le retour ? Avec une cheville en vrac et la fatigue en plus...pas facile...
La suite ? Une belle entorse. Déjà que j'en ai fait une aux convenances....
Ah ces seniors !!

Bon vous l'avez compris j'ai choisi l'ironie teintée de poésie, j'aurais pu choisir la poésie seule de la descente, ou le descriptif technique mais je me suis amusée, autant partager.
Mais...
La prochaine fois....
Avec les copains de mon âge...
On prend un guide pour seniors !!


Pas vrai que c'est beau, quand même ?

Photo Nika : du haut au zoom
Et grandeur nature  (Ph Nika)