jeudi 27 avril 2017

Ne rien faire..

Moi ne rien faire ?? Mais oui bien sûr ça m'arrive. Rarement je le concède.
N'étant jamais malade je dois attendre d'avoir le dos bloqué, ce qui ne m'enchante pas, ou bien d'être à bout de fatigue, ce qui une fois en passant, fait un bien fou ! Car alors je peux me permettre de capituler sans regret. Sinon,  au presque terme d'une vie de labeur intense, je culpabilise de ne rien faire, me poser et me reposer.

Archives 2008


Paysage de Corbières : Fraissé

Donc en fin de semaine passée, j'étais à bout de fatigue. Je ne vois pas pourquoi mais mon corps semblait le voir et je lui ai obéi, je n'avais pas le choix.

Casot vignerons dans les vignes : corbières
Alors qu'est ce que je fais quand je suis épuisée ? Et bien je m'en vais camper ailleurs et me reposer.
Parce qu'à la maison c'est quasi impossible même si je n'ai pour compagnons de vie que mes chats.
Dimanche j'ai pris mon mini camping car, quelques affaires, mon chat Nina et j'ai filé sur les routes, n'aspirant qu'au sommeil. J'ai écarté le sommeil et la carte routière pendant le trajet, me fiant à mon feeling au gré des routes. Je savais où j'allais; par où y accéder était laissé au hasard.


Opoul et son château du 13 eme
paysage aride de Corbières

Je précise tout de suite que j'y suis arrivée. A Homps. Non pas le Homs de Syrie qui est fort loin et pas reposant mais le Homps de l' Aude (11), posé au bord du Canal du Midi.

Le but était le Canal, Homps choisi parce qu'on y est bien. J'y avais déjà dormi je gardais des souvenirs de sérénité.

Pour aller à Homps c'est tellement simple : l'autoroute à quelques km de chez moi et que je quitte à quelques km d'Homps, à Lézignan Corbières, je pourrais presque siester au volant sur la centaine de km.
Mais non j'ai choisi la traversée du "pays" par le massif montagneux des Corbières, toujours beau à voir surtout à cette saison avec les vignes en avance et les fleurs pas en retard. Du calcaire blanc et tourmenté, des sols rouges, des villages vignerons, de la garrigue odorante, le décor est plaisant.
Je suis si fatiguée que je n'ai même pas le courage de photographier.

Petite route du massif des Corbières


Pourtant le printemps éclate en couleurs et parfums : le thym fleurit, les genêts aussi, quant aux vignes elles sont très en avance pour la saison.



Vigne soufrée  à la main contre l' oïdium
Un travail qui se fait très peu de nos jours (à la main)

Le printemps des vignes "en gobelet" (mode de taille d'autrefois)

Petit bémol, les vignes viennent tout juste de subir la gelée noire et c'est un damier printemps/hiver qui m'attend, au gré des courants, des cépages, des bas fonds près des rivières: c'est pitoyable.

Vigne gelée voisinant avec une vigne non gelée
Gelée noire


Vigne sur espalier gelée en partie
Gelée noire : retour en hiver
Les villages vignerons de l'Aude me plaisent bien : la rue principale, assez large , est bordée de maisons vigneronnes . Il y a la cave (ou ancienne cave devenue habitation), fin 19 eme début 20 eme, avec la porte du chai amplement voûtée pour laisser passer les foudres en bois du temps d'avant. Selon la capacité de la cave, la voûte est plus ou moins haute. Dans certains villages, les avenues sont plus larges et de vastes platanes ombragent l'ensemble. Je gage fort que chaque cave a son puits d'eau claire et fraîche. Comme chez moi.


Porte de cave (d'autrefois)


Rue de village vigneron : Thézan, Aude

A Homps, ma chambre pour la nuit
en bord d'eau







Enfin, après avoir louvoyé entre massif calcaire désert et villages vignerons, j'arrive au Canal du Midi, un grand amour dans ma vie.






Je me pose à Homps et en bougerai fort peu. Juste le lendemain pour aller à un village voisin, La Redorte, ancien port lui aussi.



Un petit vin blanc au grand soleil
Avec Nina









Le canal à Homps

Même vue avant la disparition des platanes  (archives 2008) 

Ce dimanche d'élections, le ciel est calme, le soleil doré et la béatitude parfaite .
A 21 heures je sombre dans un profond sommeil dont j'émergerai 10 heures plus tard.
C'est un matin soleil qui  m'accueille au saut du lit : je savoure. Le premier café du matin, le canal à mes pieds avec ses reflets mouvants et ses iris jaunes qui ensoleillent mon travail d'écriture. Oui matin farniente. Si la tondeuse à gazon ne m'avait pas délogée (je suis posée sur la pelouse de la berge) sans doute n'eussé je pas bougé de là !


Café du matin au soleil



Travail d'écriture : mon farniente


Décor inversé

Je  file à La Redorte sous le ciel devenu gris, juste avec des idées du restaurant au bord de l'eau. mais il est fermé : c'est lundi !

Alors Nina et moi, nous ferons mieux et en plus beau...ou plus calme.

Pont et épanchoir de l' Argent Double
Il permet d'évacuer le trop plein d'eau


Salle de restaurant : au menu paella 
Même lieu en hiver

Décembre2010: faute d'argent le fond n'est pas curé
Et dire que le lieu se nomme "Argent double" !


Parlons un peu de ce Canal du midi nommé jadis Canal du Languedoc.
Ce pont a une histoire : le blason à l'effigie de Louis 14
a été arraché à la Révolution
 Il est l'oeuvre au 17 ème siècle d'un génial concepteur, Pierre Paul Riquet. Ce dernier, contrôleur des gabelles en Languedoc passe son temps à parcourir le pays à cheval et un projet "fou" a le temps de mûrir en lui, relier Toulouse à la Méditerranée par un canal. Lorsqu'il se retire des affaires, il a 58 ans, on est en 1662, l'espérance de vie est de...50 ans et il se bat pour faire connaître son projet, étayé par une maquette du canal ainsi que  son approvisionnement en eau. En mai 1665 son projet, adopté par Colbert est lancé. Cet homme de génie va oeuvrer jusqu'à sa mort pour faire ce canal, il mourra ruiné avant d'avoir vu les derniers kilomètres, ses fils termineront l'oeuvre et le 15 mai 1681, le Canal sera inauguré.
Archives août 2008


Balade en bateau 26 avril 2009
Modèle de pont conçu par Riquet

Je ne vous conterai pas l'histoire que je connais bien, ni la vie détaillée du personnage .
Par le passé (proche) j'ai parcouru à VTT(en plusieurs étapes) les 240 km du Canal et comme j'ai fait l'aller retour, ce furent 480 km que je fis au gré des saisons . Captivant voyage que j'ai agrémenté par une découverte de la Montagne Noire, au nord de Carcassonne, où Riquet alla "puiser l'eau" nécessaire à son canal. Cette montagne, véritable réservoir d'eau est emplie d'ouvrages de captage et de conduite des eaux par un petit canal, La Rigole. Elle aboutit au Seuil de Naurouze, partage des eaux entre Atlantique et Méditerranée et, en ce lieu, on voit vraiment l'eau se partager vers l'est et l'ouest.
Sur une indication locale, j'ai pu voir ce qui n'est pas donné à tous car il faut de la curiosité et des recherches difficiles dans les fourrés : le cours de "l'ancien canal" qui empruntait alors la rivière Fresquel. La ville de Carcassonne n'avait pas voulu ce canal en ses murs et Riquet l'avait fait creuser hors de la ville. Ce n'est que 2 siècles plus tard que le Canal traversa Carcassonne, abandonnant au passage le Pont Rouge devenu inutile et des écluses enfouies dans la vase d'une rivière tranquille.

Extrait du visuel de ma conférence

J'ajoute que je donnais alors des conférences assez originales sur l' Homme et son Oeuvre.

Ce dimanche je vais juste me ressourcer à l'ombre verte des grands arbres, sur les tapis de pelouse des berges, en écoutant la marche lente des navires et l'atmosphère plutôt anglaise des villages traversés.

Le Canal, je dois le préciser c'est :





86 écluses, 14 ans de construction et de nombreux ouvrages d'art, dont 
ponts, maisons éclusières
Maison éclusière près de Homps

dînées et couchées (étapes repas et repos)
lavoirs
entrepôts
relais de poste
ponts canaux, les ponts qui franchissent les rivières
Pont canal sur la rivière Argent Double
Riquet n'en avait construit qu'un seul, il faisait croiser canal et rivières à gué
ce qui était fragile et précaire lors des crues
Vauban a tout remplacé par des ponts canaux
la canal en haut, la rivière en bas
alimentation en eau
écluses


Visuel de ma conférence
déversoirs et épanchoirs pour les trop plein d'eau

Epanchoir pour vider le trop plein d'eau
oeuvre de Vauban

Le même vu de dessous


En 1886, Vauban "revisita " certains ouvrages précaires et construisit des ouvrages innovants pour éviter l'ensablement du canal et la fragilité de certaines constructions.
Le 19 eme siècle ajouta une touche finale avec le pont canal sur l' Orb  difficilement navigable à Béziers, et d'autres ouvrages , ainsi que la construction du canal latéral à la Garonne (1822) qui fit la jonction Méditerranée / Atlantique.
Le Canal servait à des fins économiques bien sûr mais au 20 eme siècle, concurrencé par la route et le rail, il devint lieu de tourisme. Parcouru en croisières fluviales ou à VTT sur les anciens chemins de halage, il vit en ce 21 eme siècle un nouveau tournant de son histoire: les remarquables platanes qui le bordaient sont tous en train de mourir  d'un chancre incurable et ce merveilleux monument classé au Patrimoine Mondial en 1996 a perdu beaucoup de son charme et de son âme....
Du temps des grands platanes...et le chemin de halage
A Homps le canal gelé en hiver 2010
Chaque village qui le borde a une histoire et des constructions liées au canal. Homps ne fait pas exception avec ses entrepôts et ses riches anciennes demeures, ainsi que La Redorte et son port. Le Canal avait pour fonction essentielle le transport du vin et des céréales. 
Entrepôt à Homps

Port à La Redorte
Nina et moi nous nous laissons transporter par le bien être et je dépose un gros fardeau de fatigue sur la première péniche que je vois; ma fatigue, au gré des eaux ira peut être se perdre en Méditerranée ? Ou en Atlantique, qui sait ?

Nina en son sac de transport

Sacrée Nina !







Sur mon second blog une promenade dans un village Cévenol : St André de Majencoules en un clic 


mercredi 19 avril 2017

Les 4000 marches du Mont Aigoual

Ce lundi de Pâques, ce devait être le Puigmal et ses 2910 m d'altitude. Une fatigue certaine et une météo incertaine m'invitèrent à aller traîner mes roues, plutôt que mes pattes, du côté du Larzac lorsque au moment de m'endormir un flash traversa mon "encore conscient" et me souffla : "Et les 4000 marches de l' Aigoual?". Projet que j'avais mûri à Noël pour ce printemps et puis oublié.






L'Aigoual, le 2nd point culminant des Cévennes.

Une consultation de Google juste au réveil  et me voilà filant bon train vers ce qui chez moi est la définition du mot "repos". Quelques consonnes en faisaient la différence (Aigoual au lieu de Puigmal) mais aussi quelques chiffres en goguette.
J'allais parcourir 16.5 km au lieu de 8 et grimper 1200 m au lieu de 910 !!
Après tout pourquoi pas ? J'aime les défis sur moi même.

Un week end inédit, je prends la route pour 530 km AR avec mon kangoo aménagé par mes soins et une Nina toujours partante. L'aventure c'est l'aventure , faut ce qu'il faut!

Elle commence par une traversée des Causses, ce qui n'est pas la route directe pour se rendre en Cévennes, mais assurément la plus poétique et qui parle fort à mes souvenirs.. Il y a quelques années je parcourais en tous sens le Causse et donnais des conférences sur mon coup de coeur d'ici : le cours de l'extraordinaire rivière qu'est la Vis.
Que de km en camion, à VTT et surtout à pied. Mais j'en reparlerai.
Le Cirque de Navacelles
Me voici après le Causse sans transition dans les Cévennes et à Valleraugue où j'élis domicile pour la nuit, au pied du point de départ de cet immense escalier fictif de 4000 marches.

Les 4000 marches sont un sentier qui va de Valleraugue (Gard) au Mont Aigoual (limite Gard / Lozère) , le sentier du facteur qui allait, avant la route, amener le courrier à l'Observatoire Météo de l' Aigoual. De bonnes jambes le facteur puisque depuis quelques années ce parcours est devenu une course mythique début juin. Avec de beaux records à battre. 57 mn pour le meilleur...euh...
Ce nom vient des terrasses cultivées typiques du paysage cévenol, les bancels, qui, avec leurs murs en pierres évoquent des escaliers géants.

J'ai pour tout document des fragments de carte sur mon écran d' APN mais je sais qu'il n'y a qu'un seul sentier qui plus est, balisé. Toutefois ces morceaux de carte me serviront à plusieurs reprises.

Je démarre à 7h 45 après une bonne nuit dans l'espace restreint mais bien fonctionnel du kangoo. Et j'attaque effectivement des marches : celle des ruelles du village qui s'éveille sous un soleil doré et un vent très léger. L'Aigoual étant un glaçon en toutes saisons j'ai du vêtement d'été et d'hiver dans mon sac, seule contrainte , avec de l'eau bien sûr.
Valleraugue

Un bancel ou terrasse
Cela démarre sec, très sec même, dans le village comme en dehors: le cévenol avait la jambe alerte dans les temps anciens et la vie d'agriculteur nécessitait une condition physique hors pair. Plus rien n'est cultivé, les petits arbres aux feuilles naissantes que je prends pour des noisetiers me posent problème car nulle trace de noisettes au sol : et pour cause ce sont des châtaigniers!



Châtaignier
Il y a le soleil, les vallées bleues qui dorment dans l'ombre, les feuilles pâles qui frissonnent, la roche de schiste omniprésente, et les oiseaux, vaillants accompagnateurs musiciens en ce petit matin.

Bleu Cévennes
Je marche avec surprise et doute (merci les morceaux de carte) car je n'ai aucun repère, je suis une vallée qui n'est pas celle menant à l' Aigoual.
En fait tout au long du trajet, le parcours va osciller d'un côté à l'autre de la crête séparant les deux vallées (Hérault et Clarou) et l'Aigoual que je cherche du regard ne se dévoile qu'à ...50 mètres de l'arrivée !!
Les Cévennes s'éveillent
Donc je grimpe entre bancels, ruines , murs et arbres buvant du regard, au passage, des trouées sur les cultures rares (l'oignon doux des Cévennes) , le bleu des Cévennes, leur plissement et les rares terrasses récentes, fort belles. Ah, quand le paysage était ainsi en entier, quel sublime décor.
C'est magnifique et vraiment nouveau pour moi. La montée est soutenue mais je gravis bien, tout va pour le mieux. Les bruits de la vie montent de la vallée, des cours d'eau aussi, l' Hérault et le Clarou.
Quelques passages bien raides et rocheux demandent l'aide des mains .
En terrasses : oignon doux des Cévennes

Le sentier entre fougères et châtaigniers




Des milliers de châtaigniers


Le sentier régulier et souple sous les pieds
Sans presque m'en apercevoir j'entre dans un autre monde au gré d'un sentier régulier et toujours en sous bois: c'est le Royaume des Grands Arbres. Les châtaigniers à cette altitude sont énormes, plusieurs fois centenaires semble t'il, tourmentés, travaillés, sculptés, creusés ou tombés à terre. Le silence est impressionnant et je suis comme dans un monde enchanté; je m'arrête sans cesse pour plonger mes yeux dans ces pentes impressionnantes à la recherche des géants de bois souvent adossés à des rochers.
Un peu plus loin les conifères et chênes verts se mélangent à eux, dans un fouillis de couleurs et de branches, de tachesde soleil et d'ombre, paysage moucheté s'il en est . Je suis environ à 900 m d'altitude et un autre monde se dessine. Puis s'ouvre sur des landes et des "prairies à moutons" plutôt des brûlis calcinés.




La taille du tronc de châtaignier : les troncs que l'on voit
sont tous des rejets du très vieil arbre mère


Un arbre bouteille !





J'arrive à l'Estivel, 910 m, lieu d'estive pour les troupeaux.




Une fenêtre s'ouvre sur la vallée, les Cévennes et un ciel bleu intense.
J'entre comme avec précaution sur ces crêtes . La première partie du trajet s'achève là : 2.9 km
 pour 550 m de dénivelé.
Il me manque 5.3 km et 650 m.



Estives 
Va alors commencer le monde de la pierre et des grands espaces, de la roche et de la grimpe. Monde minéral où survit un ou autre arbre : pin, merisier, chêne, genévrier, comme des modèles de musée car des pièces uniques.
Du haut des crêtes, les hêtres penchent leurs branches nues sous un ciel bleu intense. Nulle vie, ni humaine ni animale; hors des arbres, même les oiseaux se sont tus.

Parlons en du minéral : c'est du schiste  brun, luisant, doré, pailleté, avec quelques éclats bleutés mais qui cohabite bien avec du quartz laiteux d'un blanc immaculé ou veiné de rose ; un très joli bouquet de roches !

Les hêtres se dorent au soleil des cimes


Un grand merisier solitaire sur ma route


Faut se faire tout mince  !!

Les jumeaux penchés


Sentier dans les brûlis (incendies sans doute orchestrés par les bergers)


Anciens cortals ou bergeries


Ici la montée est inégale, tantôt des passage en douceur, tantôt une grimpe sévère, tantôt quelques caresses des mains sur la roche mais la vue est ouverte sur les grands espaces, les profonds ravins secs et les ruines des estives.


Du temps où ces montagnes vivaient intensément.



Chemin faisant, sans transition, j'arrive au Valat de la Fageole, la vallée de la hêtraie.
Et la 3 eme partie du parcours : pas la moindre!



La fatigue et l'essoufflement commencent à pointer leur nez, m'obligeant à des haltes et comme je brûle beaucoup d'énergie, je suis forcée de m'alimenter assez régulièrement. J'apprends peu à peu à gérer autrement mes randos.
Mais la Fageole est une jolie rivière qui va m'accompagner dans toute la sévère montée, avec sa fraîcheur, ses rochers moussus, ses petites cascades et ses hêtres immenses : un vrai plaisir que ce tronçon ardu. Peuplé d'arbres monumentaux. Je sais qu'un peu plus haut un chevreuil est en train de se désaltérer discrètement, nos regards se sont croisés.

Passage à gué de la Fageolle


Dans cette partie du parcours je m'égare quelques minutes mais je m'en rends vite compte, il suffit de rebrousser chemin et de chercher les traces : c'est la fatigue. Des étoiles noires dansent devant mes yeux. Que je chasse car le paysage est trop beau pour être voilé !
Le sentier devient pourtant pavé, étayé de murs construits par l'homme et je traverse un second gué bien aménagé aussi.

On franchit 2 fois la rivière avant que de lui tourner le dos et d'aborder la quatrième partie  du trajet, toujours dans la hêtraie agrémentée de conifères. je regarde mes morceaux d'écran et l'altitude s'égrène. 1300...1400....


 C'est sans doute la partie la moins jolie du trajet, les arbres ont souffert, sont saccagés par les tempêtes, l' Aigoual profile son mauvais climat mais je ne le vois toujours pas !
Le granit sommital pointe sous le schiste et rend le sol plus stérile.

De jolis noms compensent ce paysage maussade : l' Apollon, l' Hort de Dieu (le jardin de dieu, ancien nom de l' Aigoual sur la carte de Cassini, 18 eme S), arboretum créé par Charles Flahault, botaniste, en 1902.

Je ne vais pas rallonger mon parcours, je laisse le jardin à Dieu et je monte le dernier km; midi approche, j'aurai marché près de 4 h (hors pauses).
Un paysage tourmenté et fouillis

Jonquilles











De jolies jonquilles compensent aussi ce paysage tourmenté par leur couleur soleil.

Cependant la chaleur exalte les parfums des conifères et c'est un peu de l'été parfumé des montagnes qui saute au visage.

J'en profite car l' Aigoual est toujours en hiver !

Le Menhir










Enfin, l'observatoire, point final des 4000 marches pointe sa tour crénelée, sa sévère bâtisse de granit et sa horde de touristes : je suis arrivée ! Et, fouettée par l'inévitable vent glacé, je mets la veste.


Derniers mètres


L'observatoire météo : 1887 / 1894

Jardin d'hiver


Gravé dans la pierre et en miniature

A l'abri des murs, au soleil, car il fait très froid sur l'Aigoual je prends des forces et à 13 h j'attaque de pied ferme la descente : j'ai chaussé des souliers de running pour éviter de souffrir de mes pieds, 8.2 km m'attendent en descente. Et trois heures de trajet: j'arriverai à 16 h me dis je.
Du sommet, je ne distingue cette fois ni Alpes ni Pyrénées c'est trop voilé.
Mais je ressens un réel bonheur généré par cette superbe montée....Que du bonheur !....


Je suis inquiète pour Nina: n'aura t'elle pas trop chaud dans le petit espace du kangoo non isolé?

Et c'est parti pour le retour !
Alors, le retour, je le négocie au petit trot ou au pas, selon mon envie, sans presque m'arrêter sinon pour contempler le paysage : la chaleur est vive, je croise quelques marcheurs sur un parcours qui n'en a vu que 4 à la montée, je me régale je dois bien l'avouer, puisque mes pieds sont très contents de leurs pneus ! Quelle bonne idée j'ai eue ...

En quelques images, le paysage défile à l'envers: un beau décor pour la descente, bien plus beau qu'à la montée. Comme dans "mes" Albères. Qui ont un petit air de Cévennes....faut bien le reconnaître.


Vers la mer

J'ai juste 10 secondes pour me percher; il m'en manque 1 ou 2
pour une pose esthétique
Une descente magnifique quoique longue mais si la variante existe, elle est encore plus longue.
De toute façon, j'adore et je ne suis pas arrivée que j'ai déjà envie de revenir.

Les estives depuis mon perchoir sur le vide

genévrier solitaire

Dans la vallée du Clarou

Anciennes et nouvelles terrasses sur les pentes cévenoles

Valleraugue pointe son nez arrosé par l' Hérault
 16 h sonnent au clocher de l'église lorsque j'atteins la voiture et je découvre une Nina assommée de chaleur, à demi chancelante  que je me charge de réhydrater en mouillant tout son corps et en la faisant boire, ce qu'elle n'avait pas fait bien qu'ayant de l'eau.

Quelle sale bête...je suis !!!




En quelques chiffres 
Temps de marche : 7 h 
Dénivelé positif cumulé : environ 1300 m
Distance AR : 16.4 km


En résumé : 4000 marches à qui je décernerais bien quelques étoiles....


Sur mon second blog, un village cévenol en un clic (St André de Majencoules)