samedi 26 novembre 2016

Confluence en Ariège

Ce ne sera pas de confluence entre deux rivières dont je vous parlerai , bien que cela se passe autour d' Ax les Thermes, en Ariège, qui est à la confluence de deux charmantes rivières, L'Ariège et l' Oriège. Vous les verrez quand même. Juste ci dessous !
Ariège et Oriège


Les voyageurs sans bagages
Ce sera la confluence entre deux saisons, sans doute le dernier week end de l'année où cela fut visible. L'Automne et l'Hiver se rencontraient ce jour-là et eurent pour spectateurs Nina et Mathurin réunis eux aussi pour la première fois. Ils prendront la plume d'ailleurs, ils le valent bien.

Automne



Hiver


Mathurin : "Qu'est ce qui lui prend d'emmener Nina ? On est si bien tous les deux; va falloir que je supporte cette peste ?"
Nina : " Pourquoi c'est lui qui est sur tes genoux ? Et moi, j'y contiens pas!"
Moi :"Deux c'est pas possible, je conduis et on a beaucoup de route alors on se calme "
Mathu : "J'y suis j'y reste"

Alors Nina est partie au lit et a boudé 3 heures.
ça commençait bien !












C'était pas gagné d'aller à Ax les Thermes, à 130 km et près de 3 heures de route de montagne avec ces "deux oiseaux" pas très copains. Disons que j'ai pris des risques!!

Ax les Thermes : une jolie petite ville d' Ariège, au coeur des montagnes, qui allie thermalisme (et le charme de la ville d'eaux) avec sport, puisque elle a aussi sa station de ski (et la vivacité de la ville dédiée au sport)
Une ville de confluenceS disais-je...

Ax les Thermes (09)

Nous 2:"C'est là qu'on va dormir" elle nous a dit.

Mathurin :"On y a même dormi deux nuits et on a bien dormi tous les trois. J'ai fait -presque - la paix avec Nina. On dormait chacun d'un côté d' Elle, parce qu'elle nous tenait chaud comme ça."

Ax les Thermes est une petite ville d'eaux et les thermes sont très présents, il y a même 3 bassins dans la ville; l'eau (en général) est très chaude. On est tombés sur un des rares jours où elle est juste tiède.
La source principale est à 77 °.

On soigne à Ax les rhumatismes, sciatiques et affections respiratoires.




Nous 2 :"Elle est allée se tremper les pieds, nous on n'a pas approché nos poils...allez savoir avec Elle...

Ah de l'automne on en a "mangé" : et vas y qu'on roule et que ça tourne et que ça grimpe, à nous donner le mal de mer ou des montagnes on ne savait plus. 

On en a vu de toutes les couleurs : vous voulez voir ??? Mouaouhh..., franchement c'est beau...








 Elle est allée voir ça de plus près; nous on est prudents et surtout, on reste au chaud.
Mais vous verrez plus loin ce qu'Elle nous a fait ! Ah si la SPA voyait ça...







Nina : "Elle nous a montré un truc incroyable ! Tout le monde sait que j'adore le feu et que je contemple la cheminée: mais là c'était les arbres qui fumaient, et les rochers, et les montagnes, sauf que ça chauffait pas comme à la maison"







Et que cet âne de Mathurin il se penchait à la vitre pour mieux voir: on fait quoi s'il saute ?? 

Mathurin : "Non mais je rêve !! à force de monter au dessus des nuages, elle va pas nous faire monter là haut ?? C'est blanc, c'est bleu, ça donne froid, brrr.."

 Non on ne peut pas aller là haut, mais je vais vous faire une surprise !

Mathurin :"Aïe...c'est quoi encore ? Oh je me méfie, avec Elle. Pas vous ??"





Un peu plus loin...
Nina : "Eh, mais c'est tout blanc et puis y a rien autour, pourquoi ??"





Moi : " Parce qu'on est dans la brume complètement ...oui Nina comme de la fumée sans feu et toute froide. Et là on est dans la neige !! Ta première neige, Nina."

Nina : Ce truc blanc c'est froid aussi alors je me tiens juste sur les pattes arrière, comme toi !
L'autre courageux il a filé ventre à terre dans le camion ; quel trouillard !!

Mathurin : " Oui mais c'est blanc comme moi, j'avais peur de disparaître dedans, et que ça me dévore...oh la peur!!"





Bon allez on redescend, on se gèle là en haut.



 On préfère ça...les couleurs, ça tient chaud.

Allez on va dormir,

Nous 2: "Enfin parce qu'on est fatigués; on a passé une bonne soirée dans le camion; avec un bon repas, le chauffage, les ronrons, la lecture et l'écriture pour Elle, on est heureux et puis on s'entend bien finalement.
Quand elle va faire un tour, tous les deux on se tient compagnie."

Mathurin : "Même au lit que tout devient beau avec des drôles de couleurs"
Nina : " Qu'est ce que c'est ???"

Depuis notre lit, la nuit sous pluie
Depuis notre lit , le décor
 Nina : "Oh c'est trop rigolo, même toi tu es peint en bleu !!"
Mathurin: "Chhhut, elle ira me tremper dans le bassin d'eau chaude"
Nina : " Tu crois qu'elle le voit pas que t'es Schtroumpf ??"


Moi : " Que vous êtes sots ! C'est le reflet de la vitre ...Allez silence on dort!"
                                                                    ......................................
Sur ces deux jours, les trois aventuriers que nous sommes se seront offert de belles découvertes,
Orgeix et le petit pont que j'adore franchir en camion, juste pour le fun
en souvenir de jolies nuits, portes ouvertes sur la rivière
 De belles couleurs,  des parfums de sous bois, une belle complicité, enfin la confluence,  disais-je, de plein de choses dans ce petit coin d' Ariège que j'aime tant, ont fait de ce séjour un enchantement.







Et de ces frères ennemis deux très bons amis, enfin sagement  assis, pendant tout le chemin du retour, sous la pluie.

Mathurin et Nina , on recommencera .


ça vous dit ?

Nous : " Oh que ouiiiiii..."
Un nouvel article sur mon 2nd blog après deux ans de silence sur "la pluie" (clic), grandement écrit à Ax les Thermes.



vendredi 18 novembre 2016

Le nez au mur

C'est juste parti d'une boutade, une sorte de pied de nez. Comme la vie sait en faire.
Nicolas, de 31 ans mon cadet, sur sa page Facebook cherche un partenaire pour aller grimper.
En guise de boutade je réponds, moqueuse : "Môa".
Et voilà qu'il me prend au mot et me dit "Je passe te chercher demain...etc..."
J'aurais pu aussi imaginer qu'il se moquait de moi mais pas du tout, il savait que l'escalade faisait partie de mes rêves. Ou de mes regrets. Selon comment on regarde la question.
Aussitôt dit, aussitôt fait et c'est sans la moindre appréhension que j'embarque à bord de sa voiture le lendemain matin.
Direction un point précis des Albères, cette chaîne terminale des Pyrénées Orientales, juste avant ses longues épousailles avec la Mediterranée.

Les albères vues du Pla del Rey, Tresserre, mon village en Pays Catalan Français

Tout juste à quelques kilomètres de chez moi.
Je connaissais vaguement le secteur qui dévoile un point de vue magnifique sur la plaine et la mer comme seules les Albères savent l'offrir, avec ce Canigou qui se penche pour mieux nous sourire et qui écarte un peu ses doigts pour qu'on devine, à 82 km de là, les Pérics et la Portella Gran, lieux de mes délices recouverts d'une couche de meringue glacée. Cela met en appétit.

Le Canigou et à sa droite, les sommets du Capcir (photo ci dessous)



Pérics et Portella gran à 82 km de là


Paysage d' Albères

Je découvre surtout ces falaises d'escalade que je ne soupçonnais pas, coiffées des ruines du château d'Ultréra à la surprenante histoire : il serait primitivement d'époque Romaine mais sa construction date surtout des 6 eme et 7 eme Siècles. Un rôle défensif lui était dévolu pour surveiller la vallée et la montagne lors des conflits entre France et Espagne. Je ne raconterai pas l'histoire mais sa chute est peu ordinaire: il fut victime d'une femme! La "Seigneuresse" du village de Sorède le fit détruire en 1675 ainsi que la chapelle . Quel funeste Destin! Né de la main d'une femme.


Le mur sud (petit mur sud) et les ruines d' Ultrera


Mur en "opus spicatum"









Les falaises sur lesquelles fut édifiée la forteresse servent à présent de voies d'escalade: c'est là que je me trouve au pied du mur, sur lequel je vais bientôt aller frotter mes baskets.

Tout est nouveau pour moi, pas le harnachement puisque avec mon guide de montagne, Guillaume, je m'étais frottées aux parois, cordes, casque, baudrier et autres mousquetons.
La seule chose qui va manquer à mon harnachement sera ce dont je souffrirai le plus : l'absence de chaussons d'escalade, chaussures adéquates qui évitent que la roche devienne aussi glissante que du verre et qui permettent de se poser sur la moindre prise. Ce sera un sérieux handicap mais je n'ai pas le choix.
Les chaussons

Les murs d'escalade
petit mur sud






















Nico donne le top départ et va équiper une première voie. Après m'avoir aidée à m'équiper. Je le regarde  escalader la falaise de migmatite (roche résultant du gneiss) avec la souplesse, l'élégance et la facilité d'un chat. Moi, pleine d'assurance, je me dis que je dois pouvoir y arriver. Je ne doute guère de moi, prétentieuse pour une fois. Et puis j'aime tant la roche, ce sera enfin un contact très poussé ! Je vais "faire le mur", comme un lycéen pensionnaire !


Aisance de Nico


Nico m'a d'abord appris à gérer la corde et à l'assurer; toute la journée ce sera ma seule angoisse : l'assurer correctement. Plus tard, un exercice de simulation de chute me montrera ce à quoi on s'expose si on assure mal : alors je me dois d'assurer !

Revenons à mes premiers pas le nez au mur !
Le mur n'est pas très haut moins de quinze mètres et je me sens immédiatement bien : et en plus je monte !


Arrivée en haut 








 Mes chaussures tennis montrent immédiatement les limites de pareil équipement ! Je ne me retourne pas, je ne regarde pas le vide, je suis concentrée à chercher mes prises puis, un passage plus ardu où mes pieds ne trouvent rien m'oblige à la descente . Ah ça s'append une descente ! On a plutôt envie de rester collée au mur, les mains et les pieds en prise et même le nez ! Lâche tout me répète Nico, écarte toi du mur et pose simplement les pieds; loin de la paroi le corps ! Là c'est un moment de solitude, le lâcher des mains : on est comme l'enfant dont les parents n'assurent plus les premiers pas ou le cycliste en herbe qui part seul sur deux roues.
Et puis c'est si simple, finalement !
Mais en ce qui me concerne avec la grâce du crapaud....

Me voici au pied du mur, mécontente et vexée : je n'ai pas réussi...et cela semblait si simple.
Mon prof me rebooste, rééquipe une voie et c'est reparti !






Quel bonheur cette fois, l'appréhension s'estompe, je grimpe avec assez d'aisance pour en profiter, j'ose me retourner et affronter le vide vertical , c'est le bonheur à l'état pur .
Je n'ai pas le vertige mais une petite pointe au plexus : il n'y a pas plus vertical !



Arriver en haut me semble une des plus belles victoires de ma vie: je suis redevenue une enfant qui s'émerveille...Euh cela m'arrive bien souvent je trouve...



Que je sois heureuse, aucun doute non ?











Je n'ai même pas envie de redescendre tant le paysage est beau;  l'appareil photo est accroché au baudrier et j'arrive même à me contorsionner et regarder sans appréhension accrochée à la paroi.
Tour de la Massane

Le paysage vu d'en haut : la vallée de la Massane
que surveillait le château 
Je ne vois pas passer le temps : le soleil d'automne, à l'abri est cuisant. Les chasseurs, dans les taillis poursuivent leur besogne et les chiens courent en tous sens dans un tintement de grelots désordonnés et joyeux.
Un petit casse croûte arrosé de vin muscat au grand soleil inviterait presque à la sieste mais c'est sur les parois qu'on va peaufiner la séance de bronzage. Sur des voies 4 dont certains passages me dit Nico sont en 5. Je suis assez fière de moi et ces promenades d'araignée me confortent dans mon envie de continuer. Les chaussons en seront le premier pas: c'est décidé j'ai envie de poursuivre cette discipline.
                                                                                                     
Nicolas dans ses oeuvres




 Un jour, peut être j'atteindrai un peu de cette élégance, de cette aisance . Pour cette dernière je n'ai guère de doutes, pour l'élégance...hum....


 Certes je n'irai pas tutoyer les grandes parois ni les gorges du Verdon -)))
Mais juste , le nez au mur et la tête dans les étoiles invisibles qui accompagnent la course lente du soleil...me faire plaisir tant qu'il est encore temps.

Sans doute n'irai-je pas me frotter aux voies côtées 6 comme Nico qui s'essaie à celle ci , difficile, avant de partir.



Cependant....
Je n'ai ni peur ni vertige ni fatigue ni douleurs qui puissent m'invalider : alors, fonçons !
Tant qu'il est encore temps.

Argelès et la Grande Bleue




Roche et vieux genévrier

Le soleil dore encore la mer, la plaine, le Canigou, les châtaigniers et merisiers tandis que dans le cliquetis de mon baudrier nous filons grand train dans le sentier parfumé de cette humidité des sous bois de nos Albères.

Je me sens des ailes, encore un rêve au bout duquel je suis allée. Premier pas peut être , en chaussons, vers "un peu plus que mes rêves"....toutefois adaptés à mon âge, soyons fous mais réalistes à la fois!


La grande falaise nord, toujours froide