samedi 28 novembre 2015

Les jours passent, Lison....

Un mois, déjà...Ma raison se veut très raisonnable et m'invite à...tout ce que je ne veux pas :
 tourner la page.
Je me suis résignée, j'ai voulu accepter, les jours ont passé.
Au fond de moi je sais. Mais je ne lâche rien, ni la raison, ni la déraison.
Alors, je cherche toujours.

J'ai d'abord cherché un chat vivant, blessé, enfermé, égaré, qui aurait pu me répondre.
Ensuite j'ai cherché un chat mort, silencieux et caché : tâche plus ardue.

Lison : 20 mai 2009

Que continuai-je donc à chercher à présent?
Car je cherche encore.
Chercher et attendre.
On ne sait jamais. Je suis peut être dans le déni. Ou le refus.
Je construis à présent des scénarii insensés qui pourraient ressembler à cette Lison hors du commun. une chatte au comportement inhabituel, mi humain mi félin. A l'intelligence redoutable, au sens de l'orientation étonnant, nés de ses pérégrinations en routes, sentiers, montagnes et autres lieux où n'évoluent pas les chats. De Lison on peut s'attendre à tout, sauf à sa mort banale dans un coin de campagne. Les chats se cachent toujours pour mourir.
18 mai 2009

Alors je vais au bout de mes espoirs et de ma déraison.
Avec un mélange de réalisme, d'utopie, de superstition et de pensée magique, de réflexion et de déraison. Mais un brin de folie dans la vie, cela entretient l'espoir.


Je pense à tous ces parents, sujet qui m'a toujours sensibilisée, qui cherchent des enfants disparus dans une terrible quête qui fait froid dans le dos. Souvent pendant leur vie entière.

Lison était ma compagne de vie. Une enfant chat que j'ai élevée, conduite sur des sommets, amenée à des  attitudes, des comportements différents. C'était peut être aussi "un chat pansement" comme il existe des "enfants pansement" selon les psy. Un "enfant pansement" est celui qui arrive juste après le décès d'un enfant dans la fratrie. Mon "chat pansement" est arrivé dans ma vie à un moment où il a "réparé" bien des douleurs. Et où il a réparé la perte de Basile, un chat défunt, mon chat-fusion d'alors. Lison m'a redonné un élan, un goût de vie, un essor : ma vie a eu un but, mes petits voyages une compagne. Aujourd'hui je suis vide de quelque chose, J'ai perdu un peu le goût des choses, des couleurs, l'élan de vie, une certaine idée du bonheur. Que je devrai bien retrouver. Sans tomber dans la facilité d'un nouveau "chat pansement".

29 mai 2009

Je continue ma quête, c'est un but.


J'ai creusé une petite tombe à côté des autres, dans laquelle il y a, sur un lit de fleurs du jardin, une photo et son collier de bébé. Habillée des cailloux roulés de la rivière d' Aulus, en Ariège, où j'étais quand elle a disparu. Je n'avais pas ramassé les cailloux dans ce but , certes...

Son collier de bébé

Son collier de bébé
Sa petite tombe vide

Aulus.... A 270 km de chez moi, 5 heures de conduite sur des routes de montagne. "Et si elle était allée m'y rejoindre ?". Cette idée insensée fait son chemin au fil des jours. Je la combats, mais elle prend le dessus et jeudi, en un jour d'alerte orange intempéries sur l' Ariège, je prends la route. Juste une idée folle. Lison aussi peut être folle.Je veux aller au bout de toutes les pistes. La route est difficile mais j'adore conduire dans la tempête. La nuit tombe noyée d'eau, sur la route, dans les rivières qui  affleurent la chaussée ou roulent de grosses vagues brunes.
Crue du Garbet


Mes affiches restent au sec...on verra demain. Je m'installe sur ce parking au bord de l'eau, là même où je l'avais perdue de longues minutes, un jour. Je lis, j'écoute la rivière furieuse et la pluie qui martèle ma maison roulante.

Tempête

Torrent à Aulus (09)









Mars 2010 : 10 mois













Soudain, un appel et c'est l'espoir insensé : elle aurait été vue à 5 km de la maison. Dans une zone industrielle.Celui qui m'appelle la connaît bien, il a de l'émotion dans la voix. Aussitôt je sors dans la tempête, accroche mes affiches, dépose une affiche et un petit mot dans la boite du  "Monsieur Chats" du village et je reprends la route à l'envers dans la tourmente et la nuit.

Retour dans la nuit
Moins de 4h plus tard, et 270 km dans l'autre sens, au bénéfice des routes désertes j'arrive à ma nouvelle destination : la zone industrielle d'un village voisin.
Je reprends ma quête sans fin, ma stratégie bien rodée...En vain..

Ce soir j'ai regagné ma vie, auprès de mes chats et du feu de bois. Je n'ai pas fermé la porte à l'attente et à l'espoir, mais je sais que doit s'ouvrir celle de l'acceptation. Tout doucement.
Quand tombe la nuit, avec le froid, l'angoisse et la solitude, mon coeur se serre encore trop. Mes chats sont un rempart. Un rempart d'amour qui tient chaud.  Dans la quiétude d'une maison calme. Ce n'est pas qu'un chat qui est absent, c'est une boule d'amour aux couleurs d'automne. Cet automne qui l'a emportée...
L'apaisement est encore loin.


2009
2015 : la même tête
























Dans le village d' Aulus, un "Monsieur Chats" m'a appelée ce matin et surveille, au cas où...parachevant la quête que j'ai esquissée. Accordant crédit à mon idée de folie.

Il est des humains vraiment humains....


Lison, la maison et ses occupants t'attendent...


Pour mémoire : "la résignation" (clic)
Pour mémoire : "la douleur" (clic)

samedi 21 novembre 2015

Un plat paysan catalan : "le fricot"

Ce matin, c'est l'hiver qui s'annonce à grands pas. Le Canigou, avec quelques semaines de retard est en train de mettre son manteau blanc et une furieuse tramontane froide accompagnée de bourrasques de pluie balaye la campagne. Le froid semble devoir s'installer -provisoirement-  mais c'est le moment de faire "un fricot"!

Qu'est ce qu'un fricot ? Ce mot guère usité de nos jours désigne un ragoût. Un simple ragoût que j'ai pris plaisir à cuisiner pour mes convives . Comme le faisaient ma mère et ma grand mère les jours d'hiver. parfois je le cuisine au feu de bois dans ma cheminée, il n'en est que meilleur....
Le voici en images et en toute simplicité!

Ingrédients :
-Saucisse
-Travers de porc (el costello ou cousteillou)
-oignons ou échalottes
-olives
-concentré de tomates
-farine
-eau
-sel, poivre
-thym, laurier, herbes de provence
-facultatif : une tomate fraîche
Pour 3 personnes (ou 4)
                  


                                   ..................................................

Découper en morceaux saucisse et travers










Les faire revenir dans la cocotte avec de l'huile









Retirer et réserver 



Eplucher les pommes de terre et les découper en rondelles ou quartiers d'1 cm d'épaisseur environ.
Les faire revenir dans l'huile qui a servi à la viande.


Découpe des pommes de terre


Elles rissolent

 Ajouter la viande aux pommes de terre dans la cocotte ainsi que l'oignon grossièrement haché et faire revenir rapidement l'ensemble.



Mettre 1 cuillerée 1/2 à soupe de concentré de tomate, remuer, ajouter 2 cuill à soupe bien pleines de farine et remuer quelques secondes.

Avec le concentré et la farine

Ajouter une tomate coupée en morceaux et des olives dénoyautées
Mouiller d'eau et recouvrir quasiment l'ensemble





Saler et poivrer (on peut ajouter quelques graines de piment).
Ajouter 1 feuille de laurier, thym et quelques herbes de Provence.





Remuer, laisser cuire à feux doux en remuant de temps en temps avec délicatesse pour ne pas briser les pommes de terre; rectifier l'assaisonnement si nécessaire.





J'ajoute des cèpes secs, ramollis dans un bol d'eau puis essorés vers la fin de la cuisson.

Cèpes

Il ne reste plus qu'à attendre les convives ...

Pour une sauce plus colorée forcer un peu
 sur le concentré de tomates





  Et servir avec un bon vin rouge.

  A la fin du repas, nous avons goûté la liqueur de Génépi (clic)que j'ai fabriquée 
il y a 11 mois : hummmm !
 ça se laisse bien déguster, en digestif...


                                 




jeudi 19 novembre 2015

En solo pour un duo...encore au soleil

Ce dimanche d'après attentats, je n'ai vraiment pas le moral. Comme nombre de mes concitoyens.
Alors d'un seul coup je me décide : j'ai envie de respirer la paix.
Paix intérieure car dans ma contrée d'extrême sud, la paix extérieure, l'on peut encore y croire.
En cinq minutes je suis prête et je file. Où ? Vers la montagne bien sûr.
Là où en plus je suis sûre de ne rencontrer la moindre âme qui vive...
Ce fut le cas.
...................
Lundi matin, il fait nuit encore lorsque je quitte Formiguères endormie pour  la route de la station de ski et enfin les pistes que pas même un chevreuil ne fréquente.


A la lueur des phares je traverse la forêt endormie et j'arrive au terminus , là haut à 2000m. L'aurore colore l'est , il ne fait pas froid malgré un peu de gelée blanche et je reprends le même trajet que quelques jours auparavant.
J'ai un but imprécis : la destination.
J'ai un but précis : respirer la paix.
Le second est assuré; quant au premier il se dessinera à l'envi.




Les Péric au premier rayon de soleil

Le Canigou
Les Péric et un des étangs

La balade est facile et la route longue  vers le Pic de Mortiers que j'ai fini par élire. 2605 m, tout en rondeurs et mollesse, tout de jaune vêtu. Dans un silence sans égal, une météo heureuse, une douceur hors saison. Un vol lourd de 5 perdrix des neiges troue le silence intégral.
Paysage roussi et bruyères brûlées de gel





Le paysage est désert, dénudé, roussi, étoilé de rares plaques de neige , coiffé de ciel azur, muet de vent, oiseaux et humains. la Paix dans son immensité.




Les grands yeux du gel 

Le Pic de Mortiers 2605 m, tout en rondeurs

Après 2 h 1/2 de marche effective et plus de 7 km,  j'arrive au sommet.


 Le paysage, alors,  est assez fascinant : une profonde vallée ariégeoise à l'ouest, le Canigou et quelques vues sur l' Ariège, l' Aude, les Pyrénées Orientales, aux alentours,  des sommets superbes ayant pour nom Camporeils, Péric, Roc Blanc, Baxouillades et...Morters. Et cette portion de lac vert : l'étang du Diable. Au Diable vert et non vauvert. Et puis ces Camporeils, perles d'eau dans un pays où il ne pleut pas.


Les Camporeils

Etang du Diable

En vert, le Diable


Depuis le sommet, vers l'est
Vers le sud

Et aussi...Mais bien sûr ! Le voilà ! Tout proche , presque homonyme et si différent, ce Morters ou Homme Mort qui me tentait tant !


"Pas très facile" m'avait dit Ludo...Alors j'avais renoncé après l'avoir "épluché " sur les vues aériennes. Je le reconnais donc sans peine. Avec sa face de larges dalles schisteuses et lisses.
Une dent crochue sur un abîme de 700m de haut côté Ariège et juste 60 m côté Pyrénées Orientales mais directement dans un joli étang. A tout prendre mieux vaut le "plouf !"
Alors c'est décidé, je vais le voir, cet étonnant voisin et puis ...qui sait ? Si je le sens....pourquoi pas ,...? Qui ne tente rien n'a rien.

Vu d'en bas, le pIc de Morters ou Homme Mort : 2668 m

Me voici en ligne de crête douce et molletonnée, je m'approche de l' Homme Mort, la roche est déjà sous mes pieds et je monte, en crête de schistes, dalles compressées, escaliers inégaux; cela me paraît plus évident. Une montée aisée, sans vertige et avec fascination car c'est grandiose. Quelques pas plus aléatoires parce que je n'ai pas les jambes longues et me voilà au sommet où je laisse éclater ma joie.
C'est un univers très minéral, au sommet, aux alentours, minéral, déchiqueté, sombre et captivant. Pourvu qu'il y ait de la roche...Le Pic des Camporeils semble une boite de sucre noir renversée, les Péric dressent leur cou pour superviser et côté Ariège, ils sont en tir groupé anonyme .Tout au fond la longue vallée d' En Beys que je ne reconnais pas mais qui me parlera plus tard puisque je l'ai parcourue, avec Lison puis sans elle,
Au sommet, je me repais de ce panorama et de ma joie d'avoir atteint cet Homme fut il Mort .

Côté Ariège un profond abîme noyé d'ombre, 700m de vide

Où luit une tache de soleil

L'escalade du Pic de l' Homme Mort
De grandes enjambées
pour ce mur


Ma joie au sommet
Côté Pyrénées Orientales, 60 m plus bas, un petit lac



 Le tout est d'en redescendre, en Femme Vivante autant que possible.


 Alors je regarde d'en haut le meilleur chemin et c'est parti pour une sorte de "mixte": les pieds, puis les fesses (c'est pratique sur les dalles) mais je remets les pieds sur terre sans piquer pour autant une tête dans le lac dont la surface est une croûte de glace qui dessine sur les cailloux de drôles d'arêtes de poisson.

Le charme de la montagne c'est aussi l'imaginaire.


Les cailloux du lac sous la glace








Drôles d'arêtes


Le Pic de Camporeils et ses éboulis en forme de morceaux de sucre noir

Allez j'ai bien mérité mon restau face aux Camporeils .

Au restaurant

C'est l'heure de la minute de silence : je ne fais que ça depuis mon réveil à 4 h1/2 du mat. Et c'est reparti pour 2 heures de descente silencieuse.



Ceux qui me savent bavarde seraient bien surpris de ma capacité au silence ! J'en profite pour aligner des mots sur les pages imaginaires de mon cahier de montagne, celui qui n'existe qu'en ma tête et sur lequel j'écris au long du chemin. Mots à l'encre sympathique dont il ne reste que quelques traces au retour. Coiffés par l'ineffable plaisir que procurent l'effort, la marche, les couleurs, les paysages et même les derniers parfums de la forêt surchauffée. Un éphémère sursis que je respire à pleins poumons.

Les Péric et leurs miroirs ont changé d'aspect depuis ce matin; ils ont revêtu une autre tenue pour filer vers la nuit.




La Serra de Mauri, dernière ligne droite avant la forêt  se peuple des premiers humains de la journée : ils montent ou descendent. Il est encore très tôt, il est vrai.


Là haut cela file bon train sur les routes du ciel...Comme moi un peu plus tard sur la route déserte .

En chiffres : 
Dénivelé : un peu plus de 900 m
Distance : environ 16 km

Post Scriptum : Si vous avez envie après cela d'aller faire un petit tour en bord de mer, tout en bas là bas, dans mon département à Collioure, allez donc sur ce blog ami de Erato: en un clic
Vous ferez un beau voyage qui vous changera de mes sempiternelles montagnes !