jeudi 31 juillet 2014

Fascinant Cambre d' Ase


Je dédie ce reportage à Nicole B...qui arpenta le Cambre autrefois et y retrouvera 
peut être des sensations..


Il est 14 h 45 ce samedi 26 juillet et cette fois nulle tempête  (clic) n'a barré mon chemin.
J'en viens. De là haut, au Pic du Cambre d' Ase 2750 m.
J'aurai parcouru 15 km, 1400m de dénivelé (le plus important de ma carrière de randonneuse) 
et marché pendant 7 heures (temps de marche) .
Je suis en pleine forme....

Avant l'arrivée auprès de Lison


Derrière moi, j'ai ce décor dont j'ai tant rêvé; je prends le temps de me retourner avant que la piste de ski ne m'avale et ne me le cache. Je  l'ai vu de près, du haut de ces couloirs qui m'attirent, et que j'irai voir de plus près mais cela sera une autre aventure, au prochain printemps.

Bon revenons à la veille au soir où j'ai fait la route sous un déluge illuminé d'un vrai feu d'artifice coloré : l'orage. Avec l'espoir d'un grand ciel bleu tout lavé, voire récuré.



Et c'est sous un ciel d'un bleu étincelant qu'à 2400 m les "sentinelles de pierre" m'accueillent. Point d'univers sulfureux, ce jour.


Sentier et rhododendrons font bon ménage.











Le sentier détrempé, jalonné de petits nids de grêlons, me porte vaillamment vers les cimes.J'ai gagné du temps en empruntant la piste verte. La rouge ne m'a pas tentée au saut du lit.



Suis je en avance sur l'horaire ? Certes, mais le petit train jaune n'est pas au rendez vous, tout en bas ...
Et puis je l'entends sonner "tout touuut, touut touut...!" joyeusement: il serpente à travers champs!
Je suis presque au sommet. C'est lui qui a changé d'heure.

Comme un ver de terre 7km plus loin



Altitude 2708 m .Sommet en vue


Aujourd'hui point de vent violent, c'est la sérénité et la zénitude.
Qui me permet de contempler le Canigou sur son perchoir bleu, à peine un peu plus haut que moi.
Canigou 2784 m


Et la jolie "vallée suspendue" dite de Planès. Du nom du village au dessus duquel elle paraît suspendue.


Cette vallée, je le découvrirai un peu plus tard a une particularité. Moi, ma particularité du jour c'est d'être en plein bonheur, là haut. Et en pleine forme : ça se voit, non ?

Altitude 2750m

Débouché du grand couloir
Du haut le Cambre n'a rien de fantastique, surtout sur la photo; on est loin d'embrasser l'ensemble de ce grand cirque que je vais découvrir morceau par morceau, couloir par couloir, en grimpant au plus haut des crêtes puisque je n'ai pas le vertige.. In situ c'est un fantastique vide, un enchevêtrement de découpages de rocs de diverses natures, de goulets étroits plongeant vertigineusement quelques 250m plus bas. Au pied des couloirs.
D'en bas, c'est cela, plus parlant.

Le nom des principaux couloirs d'escalade.
( Il y en a même un qui se nomme "escalfa braguetas" tu le savais Nicole :-))) ?)

Fleurs de roche  et badauds au sommet
 Evidemment le monde me fait fuir, je ne suis pas habituée, en montagne. et puis une destination se dessine, pas prévue. (cf une des précédentes photos), les crêtes en direction du fond de la vallée suspendue.



Je vais suivre tranquillement les crêtes abandonnant momentanément mon exploration des cimes du Cambre.
Ici je retrouve ma chère solitude peuplée de quelques animaux. Je suis les crêtes au plus près m'aidant des mains parfois pour grimper afin de profiter du point de vue au mieux.
Mes rencontres ?
Imprévus et rares : les mouflons

Pas d'erreur, c'est un mâle !!!

Plus classique, elle c'est une maman
La frange à la Kate Moss ?
Perchée au bout de mes crêtes qui oscillent entre 2600 et 2700 m, je savoure l'air du temps et le décor grandiose. C'est pays de schistes, argentés ou dorés, étonnants: ça brille de partout.


Schiste argenté

"Pedra fita", pierre levée en guise de cairn





Sommet de schiste
 Au loin, indiscernable à l'oeil nu, un randonneur Catalan installe le drapeau le temps de la pause.
Il est loin d'imaginer que son geste est observé !!! Sur sa Tour d' Eyne, 2831 m.

Tour d' Eyne (le plus loin)
Et moi, du haut de mes crêtes je fais un rapprochement incongru : Planès, petit village a une étrange église de forme trilobée, N D de la Merci, nommée "la petite mosquée", qui daterait du 13 eme siècle, tellement rare qu'elle fut classée Monument Historique dès la 1 ère liste, en 1840 ! Rapprochement avec la vallée de Planès, sous mes pieds qui se termine par ...3 lobes dont l'essentiel se nomme " la Conque". Est ce une simple coïncidence ou bien l'église a copié la vallée ? Je ne saurai jamais....



Plan de l'église

L'église peinte par mon fils














La Conque est entourée de belles barrières rocheuses dont le Serrat dels Llosers, où les couvreurs de toits en lauzes "allaient faire leur marché" à plus de 2700 m tout de même.
La Conque et le Serrat dels Llosers

Fleur de roche



Mimétisme








J'évolue dans un paysage de roche ,
dénudé à l'extrême....
Magique.


Et j'amorce le retour, à contre coeur
mais j'aurai fait 1400m et c'est beaucoup. Prête à continuer, mais...

Alors je reviens au Cambre où je  flâne sur les crêtes, me penchant au plus près du vide (avec précaution) , sur chacun de ces vertigineux couloirs, étroits boyaux , sortes de toboggans de roches, éboulis, qui doivent être si beaux en neige..Mais je leur promets d'aller les voir...et peut être de l'intérieur !


le sommet d'un couloir


Le déjeuner sur l'herbe


"Plaine" cerdane et Mont Louis
 La descente est longue, ardue et douloureuse; ce sont d'autres sentinelles car cette fois je reviens par le côté ouest.Assez ingrat, ce versant. Je préfère l'autre. Et je marche nu pieds car je souffre (aponévrose) alors un petit massage herbu, à intervalles réguliers me fera grand bien. Marcher pieds nus même en montagne ne me dérange guère. Heureusement ! Décidément, en montagne il faut savoir marcher avec les mains ou nu pieds : quelle histoire !

Partie est du Cambre d' Ase


Le retour s'avèrera fatigant : la piste rouge et "la petite noire" seront une douloureuse épreuve.
Mais j'ai le coeur en fête, alors, c'est juste la rançon de la fête...




lundi 28 juillet 2014

Stage de formation accélérée.

C'est Mathurin qui est parti en stage; mon gros chat blanc au beau regard bleu tout doux et qui louche si fort.
Hier j'ai emmené "Grand Mathu" en stage de conduite accompagnée.
Non je ne plaisante pas !
Sauf que c'était moi qui conduisais et Mathu qui m'accompagnait.
Le contraire ? Mmm pas encore, on y réfléchira plus tard.

"T'as d'beaux yeux...tu sais..."


Mathu est très fusionnel avec moi, pleure son désespoir quand je pars alors hier, voulant me reposer de ma grosse randonnée de la veille (que je vous conte ensuite), je l'ai emmené sur les routes de l' Aude pour une journée de farniente.

Mathu, sanglé dans son harnais, a été ravi de partir avec "maman". Quelques pleurs d'inquiétude puis ce gros matou de plus de 5 kg s'est logé sur mes genoux à l'aller comme au retour, léchant mes bras de gratitude et me tenant toutes sortes de discours se résumant par "Je suis content, je suis bien...".

Dans le camion, le volant est fort grand et l'essentiel du stage sera d'empêcher Mathu de fourrer son cou au milieu au risque de se faire étrangler. Je suis intransigeante, ce sera notre seul point de discorde.

J'emmène Mathurin sur les routes de l' Aude, non loin de chez moi, moins de 100km, dans un paysage fantastique qui lui échappera beaucoup.

Ce sont les Corbières, petit paysage un peu provençal avec des pistachiers lentisques, du thym, du romarin, des chênes, autant de plantes odorantes qu'agressives comme le sont les végétaux équipés contre la sécheresse : rudes, piquants, vernissés. Avec des vignes qui se nichent où elles peuvent.


De la route des châteaux dit Cathares, il ne verra pas grand chose, mais j'y vois pour deux.
Lison est habituée à se jucher sur le tableau de bord et à regarder. Tout explorer.
Mathu, pour cette première, regarde...moi: sans cesse, avec adoration, tendresse, inquiétude parfois.
Quéribus
On fera un premier arrêt au pied du château de Quéribus, véritable nid d'aigle sur son rocher à 728m de haut.
Je sors ma petite table au soleil pour une séance écriture et dessin : Mathu sortira un peu, en laisse et harnais mais préférera vite la cabine ou le lit: le dehors l'inquiète.
Je griffonne les traits essentiels du château, ses murs, son ancrage dans la roche : ce nid d'aigle datant du 10 ème siècle était un point de défense entre frontières Aragonaise et Française jusqu'au Traité des Pyrénées en 1659 qui  déplaça la frontière aux Pyrénées. Plus au sud. Envoyant le château devenu inutile à une lente et sournoise dégradation jusqu'en 1951 où commença sa restauration. Il est classé Monument Historique.


Nous sommes entrés en pays d' Aude et sur la route des ....
Route des vins originale
Cucugnan, entouré de vignes,  se veut celui de Daudet : c'est un petit village de caractère, doté d'un moulin qui fonctionne et dont la farine permet de faire pains et pâtisseries depuis 2006.
Cucugnan


A propos de vins, il va falloir songer à manger: direction Peyreperthuse, autre château cathare, immense et imposant. Il domine le joli village de Duilhac.

Duilhac sous Peyreperthuse
dominé par le château sur la crête rocheuse.


Duilhac regorge de snacks, guinguettes et autres restaus très engageants, mais Mathu n'est pas Lison, je ne peux l'emmener dans un tel lieu, il serait affolé : il n'est qu'en stage encore !




Voici mon décor de restau: c'est pas beau ? Même Mathu en est pantois.




Une petite sieste bien roulés en boule sur le lit tous les deux...comme à la maison. C'est son moment privilégié.

Et puis on reprend la route pour aller voir ce château de plus près.
Une occupation romaine a été décelée ici, datant du 1er siècle avant JC. Perché à 800m d'altitude, long de 300 m et large de 60 m ce fut un monument redoutable. Daté de 1070. vendu à la Révolution, il tomba en ruine et fut lui aussi restauré à partir de 1950.
Il fait partie des "cinq fils de Carcassonne", avec Termes, Aguilar, Puylaurens et Quéribus.
Heures importantes pendant les croisades des Albigeois, c'était aussi d'excellentes tours à signaux permettant une communication rapide et efficace sur ces zones frontières.
De plus près, à ses pieds, mais pas plus, je ne peux laisser seul Mathurin, ce n'est pas Lison, habituée.



Il fait bon sous les ombrages au pied du château, presque frais dans un été loin d'être caniculaire.
Faut dire que la tramontane -encore elle !!!- souffle puissamment.


Mathu profite très calmement de l'instant, nullement inquiet ; le stage est concluant. C'est un bon élève....
Qui me parle sans cesse, sans doute intéressé par l'histoire. Quel voyage, pour son début !



Voici venu le moment de reprendre la route.


Un air très satisfait


Un petit clin d'oeil à Quéribus, en repassant, sculpté en cette fin d'après midi de magistrale manière;
étincelant de lumière, bien ancré à son roc, sculptural, oui.






Et en route vers les lointains bleutés de mon département

Vallée de l' Agly, environs de Maury (66)


Il a chaud, il n'y a que Lison qui n'halète jamais en voiture : un vrai tout terrain celle là !


A la maison, tous l'attendent: il a tant à raconter.
Mais...Lison est outrée.
Elle adore "son" Mathu, cependant il y a des limites infranchissables...et elle me boudera toute la soirée !