dimanche 29 décembre 2013

Sibérie Audoise et Tarnaise

Il faut être un peu folle pour quitter un grand ciel bleu ensoleillé et filer vers le "nord", soit le département voisin de l'Aude à la rencontre de l'hiver.
Bon, la météo avait tout faux...et je ne le regrette pas.

Sitôt passée la porte arc en ciel après Narbonne,



C'est le grand mauvais temps qui m'assaille. Cela ne me déplaît pas, c'est très poétique.






Ces arbres et ces routes qui se fondent dans la brume sont d'un charme fou: je ne suis pas d'un pays de brume mais d'un pays de lumière alors j'ose dire que ça a du charme :)




Je suis dans la Montagne Noire qui s'étend de part et d'autre de la limite entre les départements du Tarn et de l' Aude.





Le coeur urbain de cette montagne noire est Mazamet.
Dans un écrin de verdure au pied de la montagne.


 Etrange histoire qui mérite d'être contée que celle de cette ville et ses environs .
 Depuis le 16 ème siècle, une forte industrie lainière s'est développée dans les vallées de montagne, la vallée de l'Arnette, pour atteindre une cinquantaine d'usines au 19 ème siècle; comme la vallée est toute petite, les usines et moulins y étaient entassés.La région produisait de la laine et des textiles , mais manquant de matière première, en 1856, quelques industriels sont partis en Argentine chercher des peaux de mouton qui étaient jetées, le mouton étant élevé uniquement pour sa viande. L'industrie du délainage a alors débuté supplantant la draperie, c'est à dire séparer la laine du cuir; ainsi se sont développées les industries de maroquinerie, ganterie, travail de la peau etc...Et également la fabrication d'engrais organiques destinés à l'agriculture et à la viticulture du midi. 6000 ouvriers travaillaient là en 1900. Quand on voit l'étroitesse de la vallée, c'est impressionnant. Car ces usines ont toujours fonctionné à la force hydraulique . De la rivière l'Arnette. Qui, en 1999, a tout saccagé.

Mazamet devint un important centre bourgeois; il reste aujourd'hui des vestiges de ces immeubles cossus occupés par ...des banques!




Actuellement, l'industrie n'est plus qu'un souvenir, les bâtiments s'effondrent et sont ruinés; quelques établissements essaient avec vaillance et ténacité de produire de la maroquinerie et des vêtements de cuir.



Mais la Montagne Noire a une autre histoire que je vous conterai une autre fois: celle du Canal du Midi,
au 17 eme siècle, avec son héros, Paul Riquet, pour lesquels (le maître et l'oeuvre) je me suis passionnée.

Aujourd'hui, la Montagne Noire oscille entre la pierre et le bois.
Les usines de défont,



les forêts donnent leur fruit.




Et moi je grimpe vers ce qu'il faut bien appeler aujourd'hui: La Sibérie!



Non, moi, c'est voiture 






Je ne suis pas en grande altitude, 1000m environ mais il me faudra laisser la voiture non loin des 1200m du sommet, pour cause
de neige.







Et là, ça devient tout plaisir : je ne suis pas en tee shirt comme à 2500 m, je suis en doudoune et quasi gelée.




La glace est tellement collée par le vent, que même agitée par un vent fort, elle ne tombe pas : dans ces bois, on entend comme un cliquetis de perles, ces perles de rideaux qui s'agitent à la brise d'été.

Sauf qu'ici, il gèle, le vent à plus de 70 km/h cingle, rend mes jambes comme du bois et mon visage comme un bloc de glace.

 La hêtraie n'est qu'un délicat tintement de clochettes discrètes, comme si le Père Noël y faisait une halte incognito afin de chercher un peu de repos...Oui, sans doute était ce cela; je me suis éloignée sur la pointe des pieds, enfoncée dans la neige, pour ne pas troubler son intimité.


La tempête ancienne et celle plus récente ont saccagé les pins pourtant courts sur pattes et c'est une armée décimée qui gît  et survit.





Puis la forêt et ses moignons disparaissent pour laisser place à une "toundra" qu'un violent blizzard balaye, glace et neige mêlées, griffant mon visage de milliers d'aiguilles acérées.

La neige a été balayée et mes yeux comme vitrifiés ne distinguent rien. Seraient-ils seulement capables de voir le monument du Pic de Nore?

Contrainte au demi tour, je protège mon visage avec mes bras et...je me régale, bien sûr!


Et pourtant, c'est si beau, l'été ici....








                        C'était le 31 mai 2009












jeudi 26 décembre 2013

Devinette... et solution

Un oeil rencontré en Aveyron, juste avant Noël...
Qui devine?
Non, pas celui du Père Noël regardant son manteau!



Réponse vendredi après 18 h....
Vous y êtes presque !!!
Je vous donnerai d'abord un petit indice en couleur
Bonne journée...

Midi 15 minutes: vous avez tous de l'idée...et pas fausse, mais...
c'est pas tout à fait ça!
Allez un petit effort...et vous l'aurez bien méritée



Alors voici la solution:


Une bouteille de Marcillac (ici) mais tout rosé est accepté:




Le Verre vu à la verticale: voyez ce n'est pas ça 




Par contre, à la verticale du goulot, on est observé par un oeil étonnant, qu'on n'aurait jamais soupçonné voir. 


Et oui, c'est tout simple!


Et la nature n'en finit pas de nous surprendre: des yeux qui nous épient, il y en a partout 
et on passe sans les voir...
Regardez ceux-là, sur un sentier glacé d'Ariège : un vrai regard de chat!
Juste deux bulles d'eau sous la glace...Mais quelle illusion!


( Photo sans trucages ni rayures )







mercredi 25 décembre 2013

Joyeux Noël

Sur ces quelques vues de la Cathédrale Notre Dame de Rodez (Aveyron),
 je vous souhaite 
un heureux Noël








Même les voitures stationnées au pied du monument se sont parées de guirlandes lumineuses !


A bientôt.






dimanche 22 décembre 2013

21 ème balade en vignes : la taille

Tous les matins de taille de la vigne ne ressemblent pas à ceux-ci.


Matins de début du monde...


Tous ne sont pas complètement givrés ou parfaitement éthérés.





La taille s'échelonne entre novembre et avril alors on en voit de toutes les couleurs.
Les puristes, dont je fais partie, attendent la chute des feuilles; d'autres ne s'embarrassent pas de pareils états d'âme. Il y a le respect du végétal, me semble t'il.

La taille que je vais vous présenter aujourd'hui est celle des « gobelets ». Traditionnellement, le vignoble du midi n'était pas sur espalier mais en gobelet, très près du sol, pour contrer la force du vent, je pense.
Depuis les années 80, le mode de culture a changé. La vigne est très résistante et docile à la fois, on peut transformer en espalier un très vieux « gobelet ».
Ici, je vais vous présenter la taille de mon gobelet plus que centenaire.(clic)

Avant / Après


Pour la randonneuse que je suis, ici, c'est du 100 mètres à l'heure: vitesse rampante, mais travail de contorsionniste! On tourne autour du cep, en se contorsionnant pour atteindre les moindres recoins. Le dos n'adore pas. 



Je travaille aux sécateurs électriques, le progrès a du bon...


100 ans d'outils de taille
Aujourd'hui, c'est le sécateur électrique, outil aussi reposant qu'efficace... mais dangereux!


La force est démultipliée; comme il y a en moyenne 30 coups de sécateur par cep, les épaules, avec les outils classiques, recevaient tous les chocs. A présent, c'est tout en douceur mais...la coupure ne pardonne pas: c'est l'amputation garantie.
"La coupure est franche et permet un re greffage aisé du doigt" : parole de chirurgien.
"Pendant 20 minutes, on ne sent rien, cela permet d'organiser les secours": parole d'amputé.
"Mieux vaut ne pas essayer": parole de moi.

Quoiqu'il en soit, presque tout le monde est à présent équipé de cet outil.
Mon "associé" de vendanges me prête sa cisaille électrique qui permet de couper les bras morts.
L'outil ouvre une grande gueule et tranche le bras...de cep. Dieu garde qu'on y mette autre chose, vu la puissance !

Donc, la taille consiste à ôter les sarments pour ne laisser que les coursons porteurs de la future pousse et récolte.


Un cep  taillé


Les coursons
A gauche: "à 2 yeux vus"; à droite: "à un oeil"


La taille obéit à une technique élémentaire. L'équipe de tailleurs appliquera ses connaissances et sa technique; il faut souligner que pas  deux personnes ne tailleront de la même manière.
La taille dite "à 2 yeux vus" est plus fructifère. Chaque courson donnera naissance à 2 sarments, porteurs chacun de 2 raisins, c'est à dire que 6 coursons donneront 12 sarments soit 24 raisins. Moi je taille à 7 coursons et dans les endroits sujets au vent violent à 8 pour prévenir la casse de printemps.

Cependant le vigneron taillera différemment, de même que l'ouvrier agricole attaché à un domaine: on taille en fonction des courants du vent, du passage des outils agricoles, et de sa sensibilité esthétique.
La taille, en outre, prépare la future récolte.
Le travail de la vigne est toujours une anticipation sur le futur.
Sur la photo ci-dessous, voici ce que l'on nomme "les plaies de taille" : en vert, celle du moment, en gris, les précédentes.
En fait, un cep de vigne raconte le passé et plus on se rapproche du sol, plus ce passé s'éloigne. C'est toute l'histoire du cep et des hommes qui est écrite...En creux et en relief.




Celles-ci sont plus près de la guerre de 1914 que de son futur centenaire.




Quand je vous parlais du vent, voyez son saccage : c'est lui qui brise ces solides sarments .




Tailler la vigne est un travail de patience, de lenteur qui demande de l'attention, du goût, mais aussi qui laisse l'esprit libre pour écouter, sentir, réfléchir, imaginer, rêver. A  condition que le vent violent et le froid qu'il décuple n'anesthésient pas l'esprit.




C'est un travail que j'aime, moi, la toujours pressée.
Parce que cela sous tend une certaine créativité...

Que faisons-nous des sarments?
Autrefois, c'était le travail des femmes de les ramasser à la main pour en faire des fagots.

Il y a longtemps que c'est fini; ici, on ne les brûle pas
dans les rangs comme en certaines régions: on les ramasse avec des machines et on les amène sur les bords de vigne où ils vont vite se décomposer.
Certains les broient; cela ne me plait pas car il reste des débris partout.




Les feuilles sont tombées très tard cette année, à cause du temps. Sur les ceps restent quelques feuilles oubliées et de savoureux raisins intensément sucrés.








Des perles de rosée


Un odorant tapis



Dans ma petite balade à 100 à l'heure (oui, 100m à l'heure), j'ai eu une pensée pour vous: 
vous faire partager ce qui va m'occuper 
longtemps et lentement...


Les verres de vin et de champagne que vous allez savourer à Noël, c'est aussi cela...

Très bonnes fêtes à tous mes lecteurs....